- émotionner
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• 1823 ; v. 1750 au p. p.; de émotion♦ Fam. Toucher, agiter par une émotion. ⇒ émouvoir. « Je ne dirai pas que cet ouvrage [...] émeut, mais il émotionne :mauvais mot, mauvaise chose » (Sainte-Beuve).Synonymes :- ébranler- émouvoir- remuer- secouer- toucherémotionnerv. tr. Fam. Causer de l'émotion, des émotions à.⇒ÉMOTIONNER, verbe trans.Causer une émotion, un trouble. Émotionner qqn, la vie de qqn. La vue de Gaga l'émotionnait, ses yeux ne la quittaient plus (ZOLA, Nana, 1880, p. 1103) :• Quand je vois le genre d'intérêt, d'impression presque nerveuse que cause sur les femmes la lecture du livre de Lamartine, je me demande si c'est là l'effet que doit produire l'histoire. Je ne dirai pas que ce livre émeut, mais il émotionne.SAINTE-BEUVE, Mes poisons, 1869, p. 81.— Emploi pronom réfl. Pascal et Clotilde se récriaient, s'émotionnaient (ZOLA, D. Pascal, 1893, p. 239).Rem. 1. Ce verbe est condamné par les puristes. L'on ne voit pas bien que la langue qui avait « émouvoir » ait fait, en acceptant « émotionner », une acquisition très importante ni très belle (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 17). 2. On rencontre ds la docum. a) Émotionné, ée, part. passé et adj. Qui ressent une vive émotion, un trouble. Embrassades émotionnées. Étienne, stupéfait, émotionné, le regardait (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1527). b) Émotionnement, subst. masc. Émotion. J'attends avec un certain émotionnement Daudet (GONCOURT, Journal, 1894, p. 568).Prononc. :[
], (j')émotionne [
]. Étymol. et Hist. 1823 (BOISTE). Dér. de émotion; dés. -er. Fréq. abs. littér. :42.
DÉR. Émotionnable, adj. Qui peut être ému; qui s'émeut facilement. Sœur Marie des Anges est très jeune, Monsieur, très émotionnable (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 109). — []. — 1re attest. 1870 (Lar. 19e); de émotionner, suff. -able. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — DARM. 1877, p. 118. — LAURIE (X.). Sur qq. néol. de Proust. Vie Lang. 1972, p. 622. — RAT (M.). Les Puristes. Vie Lang. 1962, p. 368. — WEIL (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. Philol. fr. 1932, t. 45, p. 18.émotionner [emɔsjɔne] v. tr.ÉTYM. 1823; de émotion.❖♦ Fam. Toucher, agiter par une émotion. || Cette scène l'avait un peu émotionné. ⇒ Impressionner.1 Florent, toujours perdu dans son rêve humanitaire, se prétendait socialiste et s'appuyait sur Alexandre et sur Lacaille. Quant à Gavard, il ne répugnait pas aux idées violentes; mais, comme on lui reprochait quelquefois sa fortune, avec d'aigres plaisanteries qui l'émotionnaient, il était communiste.Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 224.♦ Pron. || Il s'émotionne pour peu de chose.REM. Ce verbe, ainsi que ses dérivés, a été souvent condamné par les puristes, qui y voient un doublet inutile et barbare de émouvoir.2 Émotionner est du style familier; émouvoir est de tous les styles. Puis émouvoir s'applique à ce qui est touchant, triste, etc. Émotionner se dit des petites perturbations de la vie habituelle (…) Ce verbe nouveau est d'un assez mauvais style; cependant il est régulièrement fait, comme affectionner d'affection.Littré, Dict., art. Émotionner.——————émotionné, ée p. p. et adj.3 Landry fut, je ne sais comment, émotionné de la manière dont la petite Fadette parlait humblement et tranquillement de sa laideur (…)G. Sand, la Petite Fadette, XIX, p. 130.4 N'est-ce pas que j'ai du flair ? J'avais vu du premier coup que la petite ferait de l'effet ! J'en suis encore tout émotionné !A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 109.♦ Nom :5 Un choc émotionnel violent peut sensibiliser le sujet à des événements insignifiants comme s'il s'était produit une véritable anaphylaxie : l'émotionné est devenu un émotif.Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 28.❖DÉR. Émotionnable, émotionnant.
Encyclopédie Universelle. 2012.